d'Avril.Je fis habiller la princesse dans ma chambre en robe et
coëffer encheveux, avec une couronne ducale de mes pierreries sur la
tête. Nousavions joué de bonheur jusque-là avec elle; son esprit avoit
été plusrassis et tranquille, mais lorsque je voulus lui mettre la
couronne,elle se mit à crier et à pleurer comme une folle, s'enfuyant
d'unechambre dans l'autre, se jetant à genoux à chaque siège qu'elle
voyoitet y faisant sa prière. Mlle. de Sonsfeld qui avoit le plus
d'autoritésur elle, lui demanda ce qu'elle avoit? Elle lui répondit,
qu'on vouloitla faire mourir; qu'elle ne voyoit que des ennemis autour
d'elle, quivouloient l'égorger. Enfin à forcé de lui parler, nous
découvrîmes cequi donnoit lieu à cette peur panique. La princesse étoit
allée voir lachapelle ardente, où reposoit le corps de son frère; la
même couronne demes pierreries, qu'elle devoit porter ce jour-là, avoit
été posée sur uncoussin, proche du cercueil. doudoune homme
Nous eûmes toutes les peines du monde à larassurer. Elle étoit belle
comme un ange. Dès qu'elle fut habillée, leMargrave et les deux ducs la
vinrent prendre chez moi. Nous laconduisîmes dans ma chambre d'audience,
où elle fit sa renonciation. Ondonna la bénédiction un moment après
dans la même chambre. Il y euttable de cérémonie. On dansa après le
souper la danse des flambeaux, etensuite je menai la mariée dans sa
chambre pour la déshabiller, pendantque les princes rendoient le même
office au duc. doudoune femme en soldes
Tout le monde s'étoitretiré. Dès qu'elle fut couchée, j'envoyai avertir
le duc de venir.J'attendis toute une heure; personne ne vint. J'y
renvoyai une secondefois. Le prince héréditaire vint me dire, que le duc
étoit comme unfurieux et qu'il ne vouloit point se coucher; qu'ils
s'étoient servisdéjà de toute leur rhétorique, sans en pouvoir venir à
bout. Il nousarrêta de cette façon jusqu'à quatre heures après minuit.
Le princehéréditaire fut obligé de lui faire encore peur et de le
menacer de sebattre avec lui. doudoune femme longue en duvet
Je me retirai dès qu'il fut au lit.Les veilles et les fatigues
achevoient de ruiner ma santé. Toutes lesmédecines que j'avois prises,
ne m'avoient fait aucun effet et jesouffrois toujours.Le jour suivant
nous eûmes encore de nouveaux tripotages. Le duc seplaignit de son
épouse, l'accusant de n'avoir pas voulu consommer lemariage. Ce train
continua tout le temps qu'il resta à Bareith. Je nevoulus pas m'en
mêler.
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